1 décembre 2015 – Le soutien aux pays en développement et à leurs secteurs agricoles est essentiel pour atteindre les objectifs mondiaux de lutte contre la faim et relever les défis du changement climatique, a affirmé mardi à Paris le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), José Graziano da Silva.
Alors que les dirigeants du monde sont réunis pour discuter des engagements susceptibles d’empêcher une hausse de plus de deux degrés de la température moyenne de la planète, « nous dépassons déjà le seuil critique pour les familles et les communautés », a-t-il affirmé lors de la Conférence de l’ONU sur les changements climatiques (COP21).
Les agriculteurs familiaux pauvres sont chassés de leurs terres par les sécheresses prolongées, les communautés côtières de pêcheurs perdent leurs maisons à cause de l’élévation du niveau des mers et les éleveurs sont obligés de migrer à la recherche de pâturages, a fait observer M. Graziano da Silva. « Ce ne sont pas des scénarios lointains. Tout cela se passe actuellement », a-t-il insisté.
Le chef de la FAO s’exprimait lors d’un événement axé sur l’agriculture, organisé par la France et la FAO sous l’égide du Plan d’Actions Lima-Paris qui met en exergue des solutions existantes, telles que les initiatives Croissance Bleue et Save Food (initiative mondiale de réduction des pertes et du gaspillage alimentaires), pour relever les défis du changement climatique.
Lors d’un autre événement centré sur les forêts, la Directrice générale adjointe de la FAO, Maria Helena Semedo, a souligné l’importance des forêts pour répondre aux défis du changement climatique et réduire la pauvreté et la faim. Selon elle, il est essentiel de faire en sorte que la recherche scientifique et des analyses pointues soient effectivement mises à contribution.
La FAO soutient que la faim et le changement climatique doivent être abordés de pair, c’est-à-dire suivant une approche qui nécessite des secteurs agricoles plus durables, productifs et résilients, a indiqué M. Graziano da Silva.
Alors que les habitants des 50 pays les plus pauvres sont responsables de moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), de nombreux pays en développement ont accordé la priorité à leurs secteurs agricoles dans le cadre des Contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN) que tous les pays étaient tenus de présenter à la COP21.
Notant que nombre de problèmes – changement climatique, pénuries d’eau et d’énergie, santé mondiale, autonomisation des femmes et sécurité alimentaire – sont intimement liés, M. Graziano da Silva a cité le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, selon lequel « les solutions à un problème doivent être des solutions pour tous ».
« La gestion durable des sols profitera à tous et contribuera à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a souligné M. Graziano da Silva lors d’un autre événement consacré au lancement de « l’Initiative 4 pour mille ». Il s’agit d’un plan d’action volontaire conduit par la France en vue d’augmenter de 0,4% par an les quantités de carbone stockées par le sol, afin de réduire le dioxyde de carbone atmosphérique tout en stimulant la fertilité des sols.
L’initiative, qui s’appuie notamment sur les pratiques d’agro-écologie, appelle les Etats, les collectivités locales, les entreprises, les organisations paysannes, les organisations non gouvernementales et les instituts de recherche à s’engager en faveur de méthodes agricoles qui maintiennent ou améliorent les stocks de carbone du sol chaque fois que c’est possible, et qui préservent les sols riches en carbone.
Par ailleurs, la FAO et Google Maps sont convenus de collaborer étroitement pour rendre les produits de repérage et de cartographie géospatiaux plus accessibles. La technologie aidera les pays à affronter les changements climatiques et renforcera les capacités des experts qui élaborent les politiques forestières et d’affectation des terres.
La technologie numérique exploitant l’imagerie par satellite est en train de révolutionner la manière dont les pays peuvent évaluer, suivre et planifier l’utilisation de leurs ressources, y compris de surveiller la désertification et la déforestation.
Concrètement, Google Maps fournira 1.200 identifiants pilotes fiables sur le moteur Google Earth au personnel et partenaires de la FAO, tout en dispensant une formation et en recevant un feedback sur les exigences et les expériences des utilisateurs.
La FAO formera son propre personnel ainsi que les experts techniques des Etats membres, à leur demande, sur l’utilisation des logiciels open source gratuits mis au point dans le cadre de l’Initiative Open Foris et exploitant la technologie Google, par exemple Earth Engine.
Le partenariat prévoit un partage de connaissances et une identification des besoins qui élargiront le type de données par satellite recueillies, étendant ainsi l’accent sur le suivi des terres arides et de la productivité des terres agricoles.